Les conséquences néfastes d'une surexposition solaire sont maintenant bien connues : coups de soleil, vieillissement cutané, mélanomes cutanés… Aussi, l'idée de se protéger pour s'exposer au soleil est maintenant rentrée dans les mœurs.
Reste cependant que les produits que nous utilisons font l'objet de précautions d'usage voire de véritables alertes santé. Alors, qu'en est-il ? Les protections solaires sont-elles dangereuses ou efficaces ? Réponses maintenant.
Composition des produits solaires : attention danger ?
En Australie et en Amérique du Nord, les produits solaires sont considérés comme des médicaments.
Au contraire, en Europe et au Japon, ce sont des produits cosmétiques qui n'ont donc pas besoin d'AMM (autorisation de mise sur le marché) et contiennent dans leur grande majorité des parabens, PEG, EDTA, dérivés d'aluminium, phénoxyéthanol et autres dont les effets toxiques ont été décrits ces dernières années.
La majorité des produits solaires sont donc des crèmes dites « classiques » c'est à dire contenant des filtres chimiques, mais depuis quelques années, les crèmes dites « bio » montent en puissance ne cessant d'améliorer leur efficacité, leur formulation et leur prix.
Les crèmes classiques
Elles contiennent des filtres chimiques qui ont pour principe d'absorber les UV et de les transformer en rayons non nocifs pour la peau :
- Ces filtres chimiques sont des conservateurs, des épaississants, des agents hydratants, des filtres et sont considérés pour la plupart d'entre-eux comme perturbateurs endocriniens ou allergènes par l'ANSM.
- Le cocktail de ces différentes molécules potentialise leurs effets néfastes.
Depuis peu, les formules ayant évolué, on retrouve également des nanoparticules (dioxyde de titane – E171 – et oxyde de zinc) dont on ne connaît pas encore précisément les effets sur le corps humain. On sait en revanche qu'elles passent la barrière cutanée pour entrer dans la circulation sanguine et qu'elles peuvent ensuite pénétrer dans le cerveau et les organes (foie, cœur, poumons).
L'ANSM recommande donc de ne pas utiliser des produits contenant des nanoparticules dans les cas suivants : peau lésée ou avec des coups de soleil, sur le visage ou sous forme de spray, pour les enfants. Depuis juillet 2013, les fabricants ont l'obligation d'indiquer la présence de nanoparticules dans les crèmes solaires.
Important : l'utilisation d'oxyde de zinc dans des produits cosmétiques est susceptible de provoquer par inhalation des inflammations pulmonaires. Pour cette raison, la Commission européenne a décidé de retirer du marché les cosmétiques en spray contenant de l'oxyde de zinc à compter du 24 mai 2018 (règlement UE 2017/1413 du 3 août 2017). Par ailleurs, en raison du manque de données scientifiques permettant de lever les incertitudes sur l'absence de risques liés au E171, un arrêté du 17 avril 2019 a suspendu la mise sur le marché des denrées alimentaires contenant l'additif E 171 (dioxyde de titane – TiO2) à compter du 1er janvier 2020 et jusqu'au 31 décembre 2021 (arrêté du 21 décembre 2020). De son côté, l’autorité européenne concernant les aliments (Efsa) a émis le 5 mai 2021 un avis de vigilance concernant le dioxyde de titane, celui-ci n'étant « plus considéré comme sûr ».
Il faut également retenir qu'aussi efficaces soient-elles, ces crèmes ne le sont qu'environ 20 minutes après l'application. Ces crèmes protègent des UVB (responsables des coups de soleil) et de plus en plus contre les UVA (qui pénètrent en profondeur la peau et la vieillissent tout en provoquant des mutations à l'origine de cancers).
Par ailleurs, les crèmes solaires ne doivent pas être utilisées d'une année sur l'autre car non seulement elles perdent en efficacité, mais surtout elles peuvent devenir potentiellement cancérigènes. Cela est dû à l'octocrylène, un filtre de protection solaire présent dans un grand nombre d'entre elles. En effet, avec le temps, l'octocrylène se transforme en benzophénone, une substance classée comme « peut-être cancérogène pour l'homme (Groupe 2B) » et qui peut être absorbée jusqu’à 70 % par la peau.
En conclusion : privilégiez des écrans solaires sans octocrylène et sans benzophénone, comme les crèmes solaires bio et surtout, ne les conservez pas plus de quelques mois.
Enfin, il faut aussi retenir que les filtres chimiques, qui sont non-biodégradables, sont responsables d'une importante pollution de l'eau et entraînent notamment le blanchiment des coraux et une menace de l'écosystème marin.
À noter : les indices de protection élevés (supérieurs à 50) n'apportent que peu de bénéfices supplémentaires.
Les crèmes solaires bio
Elles sont conçues à partir de filtres minéraux de zinc et de titane et dépourvues de dérivés issus de la pétrochimie.
- Elles contiennent de la vitamine E, de la glycérine, des huiles végétales et parfois des huiles essentielles.
- À part les éventuelles allergies aux huiles essentielles, elles sont donc d'une bonne innocuité.
- Le défaut de ces crèmes tient à sa formulation propre : qui dit filtres minéraux dit « effet traces blanches », bien que les industriels fassent des progrès d'année en année.
- Leur efficacité est bonne et s'obtient dès l'application. Par contre, les indices de protection sont souvent plus faibles que ceux de la crème classique, de même que leur durée d'utilisation optimale.
- Concernant l'environnement, ces crèmes sont formulées avec des ingrédients qui ont un bien moindre impact environnemental que leurs consœurs.
À noter : les hydroxydes d'aluminium utilisés en cosmétiques bio sont autorisés et sont chimiquement inertes c'est-à-dire qu'ils ne réagissent pas avec la peau.
Danger des crèmes solaires : ce qu'en disent les scientifiques
Le soleil : à ne pas bannir
Si l'on répète que la surexposition solaire peut être dangereuse, il ne faut pas tomber dans l'excès inverse : nous avons aussi besoin du soleil :
- pour synthétiser la vitamine D, son action antidépresseur, le renforcement osseux qu'il favorise ;
- mais se protéger avec les crèmes solaires ne doit pas inciter à être moins responsable dans son exposition solaire : plus de crème solaire ne doit pas vouloir dire soleil à outrance et déboucher sur une explosion de la survenue de cancers.
La protection totale contre le soleil n'existe pas. Le soleil, avec ou sans crème solaire n'est pas bon pour la peau, lorsque celle-ci est soumise à une exposition trop longue et/ou intense.
À noter : les cancers de la peau progressent depuis les années 60 ; il faudra déterminer leurs causes avec certitude.
Consensus sur les crèmes classiques
Les scientifiques s'accordent à dire que les filtres chimiques ne sont pas considérés comme gênants à un faible niveau selon les normes européennes, mais restent néanmoins à surveiller :
- Il reste des interrogations quant à la pénétration de ces substances dans le corps et concernant les nanoparticules.
- De plus, une protection n'est complète que si elle est efficace contre les UVA et les UVB.
Qu'en est-il des années à venir ?
Il faut donc encore attendre la publication d'autres études concernant les effets sur la santé des produits chimiques contenus dans les produits solaires :
- On surveillera notamment les conclusions concernant une certaine forme de la vitamine A (rétinyl palmitate) qui favoriserait le cancer de la peau.
- On s'intéressera également aux nombreuses recherches en matière de liens entre certaines maladies et la crème solaire, notamment le cancer ou l'autisme.
Aussi bon le produit solaire soit-il, il ne dispense pas d'éviter de passer de nombreuses heures sous le soleil et d'avoir une attitude responsable face au soleil : rechercher l'ombre, ne pas s'exposer entre 11 et 16h l'été, porter des vêtements couvrants et garder les produits solaires pour les zones découvertes tout en s'intéressant à leur composition ! Sans oublier les lunettes de soleil !
Pour approfondir le sujet :
- Infos et prix des crèmes solaires.
- Toutes les infos pour appliquer correctement sa crème solaire sur notre fiche pratique.
- Tous nos conseils pour bien choisir sa crème solaire.